Entre Chine & Japon : La Corée.

Le Japonisme 2020
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Entre Chine & Japon : La Corée
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" Il y a 150 ans, le Japon s'ouvrait à l'Occident "

Synthèse de la conférence Il y a 150 ans, le Japon s'ouvrait à l'Occident
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                                               " Les jardins japonais  "

                                                                                                                   par Germain Agnani 

 

 

 

Les éléments essentiels qui constituent le jardin japonais sont au nombre de six. 

 

 

LES ETANGS ET LES CASCADES : 

Dans les étangs on remarque souvent des ilots recouverts d'arbres ainsi que des ponts qui suggèrent le passage entre deux mondes. Les cascades en filet blanc sont les plus caractéristiques. Elles rappellent les grandes cascades où sont pratiqués les rites du Takigyo. L'eau peut être remplacée par des graviers (jardin sec) ratissés, en forme de vagues.

 

 

 LES LANTERNES 

Elles sont placées près de l'eau. La plus renommée est celle de Kanazawa. 

 

 

LES CLOTURES :  

Constituées en général de bambou, elles délimitent les frontières du jardin, cachant un point de vue inintéressant ou anachronique.

 

 

LES PASSAGES 

Parfois constitués de planches afin de franchir un étang, ils sont en général en pierre. Les pas japonais peuvent avoir des tailles et des surfaces inégales, rendant le parcours plus long et plus complexe. 

 

 

LES MOUSSES ET LES VEGETAUX :

La bonne croissance des mousses nécessite de l'humidité. Les mousses réalisent un tapis soyeux. Dans nos contrées elles peuvent être remplacées par la sagine. Les érables prennent des teintes flamboyantes en automne. Les végétaux sont encore représentés par les nénuphars, la glycine, les pivoines, les cerisiers (sakura, les abricotiers, les fougères, les andromèdes, les kakis et les pins. 

 

La taille des arbres se fait selon la technique du Niwaki, taille en boule, branches courbées vers le sol afin de donner une impression de respectable vieillesse. Les azalées sont aussi taillées en boule (karikomi) rappelant les rochers. Les jardins ne sont pas beaucoup fleuris afin de rendre l'ambiance sereine et pérenne.

 

 

LES ROCHES : 

Elles sont constituées de granit et de pierres volcaniques très dures ; elles vont par trois ou cinq et sont en général asymétriques. Elles rappellent parfois le mont HORAIL domaine des dieux de la Chine ancienne. Elles font aussi référence à l'archétype agraire : shinden (l'eau descendant des montagnes, entrainant la formation des galets, irrigue les rizières). 

 

Les jardins ont évolué avec le temps.
On distingue plusieurs périodes :

 

 

 

L'EPOQUE DE NARA (510 /794) :

Le jardin d'inspiration chinoise est centré par un vaste étang. On pouvait se promener en barque sur cet étang. Le jardin Toin Teien de Nara correspond à cette époque. Le temple des mousses à Kyoto, longtemps abandonné, fut également construit alors. Sa visite nécessite une autorisation de la maison impériale, (limitation liée à la pollution).

 

 

L'EPOQUE HEIAN (794/1185) : 

Elle correspond aux jardins de Bouddha, représenté par le Kinkajuki ou temple d Or,le monument le plus connu du Japon (attention à la foule).

 

 

L'EPOQUE DE KAMAKURA ET DE MUROMACHI (1185/1568) :

C'est l'époque de la révolution zen et du jardin sec. Le jardin le plus connu est le Ryoanji à Kyoto avec ses quinze rochers. A noter également le Daisen In qui, sur une petite surface, résume la pensée zen. 

 

 

C'est aussi l'époque du jardin emprunté. 

 

 

Les limites du jardin semblent lointaines : il s'agit d'un artifice.
L'exemple le plus souvent cité est celui du temple d'Argent situé près d'une colline qui semble incorporée. Le jardin est surtout connu en fait pour son temple et son jardin sec avec un cône tronqué qui rappelle le mont Fuji. 

 

 

L'EPOQUE DE MOMOYAMA (1568 /1615) :

De construction souvent rudimentaire (à priori ), les maisons de thé se cachent au fond d'un petit jardin. Mais, pour y accéder il faut emprunter un labyrinthe qui suscite des expériences sensorielles enrichissantes. 

 

 

L'EPOQUE EDO (1615/1868) : 

Le jardin redevient très vaste. Il donne l'illusion d'un voyage. La villa Katsura a été visitée par les plus grands architectes du vingtième siècle après avoir été redécouverte par Bruno Taut. Un autre très beau jardin se situe dans l'ile de Shikoku, le parc Ritsurin à Takamatsu.

 

 

LA PERIODE CONTEMPORAINE :

  • Les jardins de Shunmyo MASUNO,

  • Les jardins de Sigemori MIREI,

  • Les jardins de Naoshima.

  • Le musée Adashi.

 

 La limite entre le jardin et la maison proprement dite doit être la plus discrète possible (dedans dehors ). Cette notion a été parfaitement intégrée dans le travail des architectes comme dans celui de Frank Lloyd Wright et plus récemment en France dans celui de Maurice Sauzet. Dans les villes ou les maisons, on peut aménager de tous petits jardins qui rappellent la nature : les tsuboniwa.

 

 

 

LES JARDINS JAPONAIS EN FRANCE 

 

  • Le jardin d'ERIK BORJA, dans la Drôme,

  • Le jardin d'ALBERT KAHN à Boulogne Billancourt,

  • Le jardin de Maulèvrier d'ALEXANDRE MARCEL,

  • Les jardins de Toulouse et de Monte-Carlo,

  • Le jardin d'HELLEMES - FR3

  • Le jardin de Cressia dans le Jura. 

 

PRINCIPALES REFERENCES : 

  • LE JAPON DES JARDINS de FRANCIS PEETERS,

  • LE JARDIN JAPONAIS de GUNTER NITCHKE.

 

 

 

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  • Conférence du mercredi 18 mars 2015 à 18H30 au CLA de Besançon

Résultat de recherche d'images pour "la vague hokusai"                                      "Hokusai, le plus grand peintre japonais ? "

 

                                                                                                  par Germain Agnani

 

 

Hokusai nait en 1760 dans un quartier périphérique d'Edo (aujourd'hui Tokyo) près de la rivière Sumida. Il sera élevé par son oncle qui était polisseur.

 

Repéré pour ses talents de dessinateur, il entre très jeune dans l’école du maître Sunsho (en 1792) → les acteurs du théâtre kabuki et les courtisanes correspondent aux thèmes favoris de Sunsho.

 

Ces thèmes vont être repris par Hokusai qui va également utiliser la perspective, introduite récemment au Japon du fait de son isolement (Shiba Kokan).

 

D’emblée son parcours est chaotique. Il n'a pas un caractère facile en particulier avec ses supérieurs et la noblesse qui passe les bonnes commandes, tant et si bien qu' il se retrouve à la rue à vendre des légumes.

 

Il change alors de nom et il en changera au moins 90 fois dans sa longue vie .

 

Cela ne simplifiera pas le travail de recherche d’Edmond de Goncourt.

 

Toute sa vie, il restera pauvre affrontant des épidémies, les incendies et à la fin les frasques de son petit fils. Il fondera en 1800 sa propre école.

Il s'intéressera alors à deux thèmes nouveaux: l'organisation du paysage et la vie des petites gens.

 

 

C 'est grâce à ses dessins que l' Occident connaîtra le Japon mais ce thème vulgaire dérangera la classe dirigeante.

 

Il peint les paysans au travail, les femmes protégées par des ombrelles qui discutent sur les rives de la rivière Sumida ou devant Enoshima.

 

En 1814 il publie son premier livret de mangas qui connaît un succès immédiat → 14 autres livets suivront.

 

Destinés à la pédagogie, les cahiers croquent les mouvements du corps humains (qui inspireront Edgar Degas), des objets utilitaires, des armes, des animaux réels ou imaginaires parfois réunis sur une même planche.

 

Hokusai s' intéresse également à la charpente et aux ponts.

 

En1832, il publie les 36 vues du mont Fuji. Le bleu de Prusse est largement utilisé.

 

L'estampe la plus célèbre s 'intitule « Sous la vague, au large de Kanagawa ».

 

Une vague de plus de dix mètres formée par un typhon est sur le point de s'effondrer sur trois frêles esquifs qui rentrent de Tokyo. Les marins courbent l'échine, suspense!

 

En arrière plan le mont Fuji, sous la neige, qui observe, peut être avec bienveillance?

 

La grande vague a une forme hélicoïdale. Son centre correspond au centre de l'estampe.

Cette vague ressemble à un dragon.

 

Claude Debussy qui possédait un tirage de la vague comme en atteste une photographie prise par son ami Stravinsky s'en inspira pour composer son chef d' œuvre: « La Mer »

Camille Claudel s' inspirera également du thème qui, aujourd’hui, a une valeur d' icône.

L'entreprise Quik Silver a pris la vague comme logo.

Et même Hergé, dans les cigares du pharaon, met aux prises Tintin avec une vague géante.

 

Le rival d'Hokusai, Hiroshige, dessine des mers démontées mais beaucoup moins menaçantes.

La douceur est omniprésente chez Hiroshige.

 

Hokusai reprendra le thème des cascades avec la célèbre Kirufuri.

Il a très peu édité de mangas érotiques. Ses estampes sont beaucoup moins gracieuses que celles d’Utamaro.

 

Le curieux baiser de la pieuvre ne peut se comprendre sans références au culte shinto et Patrick Graiville l'a très bien compris.

 

A la fin de sa vie les personnages disparaissent, il obéit enfin aux invectives des puissants.

 

Les thèmes sont plus traditionnels → fleurs, oiseaux , animaux imaginaires, fantômes, dragons. Parmi les fleurs, les iris représentés avec plus d’intensité par Kirin.

Kirin a également peint une vague sur un paravent exposé à New York.

 

 

Hokusai décède en 1849 et il a alors plus de 200 disciples. Mais il sera vite oublié.

 

Les Français, les premiers, le redécouvriront avec Edmond de Goncourt et Louis Gonse :

Félix Braquemond s' inspirera des mangas pour décorer ses assiettes,

Claude Monet achètera de très nombreuses estampes, qui seront exposées dans sa salle à manger.

Henri Riviere publiera les 36 vues de la tour Eiffel.

Van Gogh quant à lui sera beaucoup plus influencé par Hiroshige.

 

Au total Hokusai réalisera plus de 30 000 dessins.

 

 

* * * * *

 

  • Conférence du mercredi 27 avril 2016 à 18 h 30 au CLA de Besançon

 

 

 

 

 

    " Les religions du Japon "
                            

 

par Germain Agnani (Association Yakimono)

 

 

 

 

 

Le shintoïsme et le bouddhisme représentent les courants religieux majoritaires au Japon.

 

A eux seuls, ils intéressent plus de 70 % de la population.

Mais, comme l'a souligné René Sieffert (Les religions du Japon, PUF) il est difficile de donner des statistiques précises pour deux raisons essentielles :

- les personnes interrogées déclarent souvent que l'ensemble de leur famille fait partie
du même mouvement,

- et il existe un syncrétisme dont l'importance est difficilement imaginable en
Occident.

 

D’une manière générale les personnes naissent shintoïstes et meurent bouddhistes.

 

Le bouddhisme, entré au Japon au sixième siècle, est une religion de tolérance.

Cette tolérance a facilité le syncrétisme.

Après la deuxième guerre mondiale se sont développées des sectes syncrétistes qui ont représenté jusqu'à 20% de la population.

Un coup d'arrêt a été donné avec l'attaque du métro de Tokyo, perpétrée par la secte "Aum".

La religion catholique, qui s'impliquait trop dans la politique, a été sévèrement réprimée. Elle ne représente que 2 % de la population.

 

LE SHINTO ET LE SHINTOÏSME :


Pour certains, le shintoïsme, fondé sur un grand nombre de croyances, n'est pas une religion car il n'aborde pratiquement pas la vie après la mort. On parlera alors simplement de shinto. L 'origine du shintoïsme remonte à la nuit des temps. Il ne possède ni dieu révélé ni dogme. N'ayant jamais été exporté, il a donc une spécificité japonaise.

Il est fondé sur l'existence d'une multitude de dieux qui peuplent la nature :

- les montagnes (le Fuji san),

- les rochers,les arbres,les rivières.

 

Ces esprits peuvent également emprunter l'aspect d'animaux réels ou imaginaires et même celui de défunts.
On reconnaît les arbres et les rochers sacrés au fait qu'ils soient entourés par une corde constituée de paille de riz, appelée "shimenawa". Cette corde qui peut alors peser plusieurs centaines de kilos , est également tendue à l'entrée des sanctuaires qui abritent des divinités.

 

Les dieux sont appelés "kamis". Il existe une hiérarchie chez les kamis.

En général, ils ne sont ni bons ni mauvais mais il ne faut pas les déranger brutalement.

On note ici une différence avec la bible --> l' homme ne soumet pas la nature .

On demande aux kamis des faveurs (la bonne santé des enfants, la réussite aux examens ou une bonne récolte de riz....).
Le shintoïsme est fondé sur la crainte et la gratitude.

La multitude des kamis ne perturbe pas la structure de la nature.

 

Le terme animiste est donc peut être exagéré. Les croyances semblent avoir pour origine l'Asie centrale et la Sibérie d’où les similitudes avec le chamanisme.

 

La deuxième caractéristique du shintoïsme découle de l'importance du culte voué aux ancêtres .Un autel, qui leur est dédié, est présent dans 70% des foyers. L'autel est appelé
"kaminada".

 

Les hommes descendent tous des dieux mais l'empereur est en prise directe avec la déesse "Ametarasu", déesse du soleil et sœur du dieu des tempêtes.

Ametarasu est vénérée dans le plus célèbre sanctuaire, le sanctuaire d'Isé.

La ville d'Isé est située près de la mer, à l'est de Nara.

Le sanctuaire, en bois, est reconstruit tous les 20 ans et les parties principales qui abritent des trésors (miroir épée et bijoux) sont interdites au public.

A quelques kilomètres d'Isé se situent les rochers mariés "Meoto Iwa, qui représentent les créateurs du Japon, "Izanagi" et "Izanami".

La région d Isé est aussi connue pour son activité perlière avec les femmes "Amas" qui ne plongent plus que pour les touristes.

 

Considérons à présent le sanctuaire shinto.

L’entrée est signalée par une porte en bois peinte en rouge, le "Torii".

Après avoir traversé une allée bordée de lanternes on atteint un petit édifice "le Chozuya" où l'on se lave les mains et la bouche.

Les rites de purification occupent une place importante dans le shintoïsme.

Ils sont nécessaires lorsqu'on désire entrer en contact avec un kami.
L'agent le plus efficace est l'eau de mer. Dans certaines régions, on organise des cérémonies qui incluent les bains  Ils peuvent se dérouler en plein hiver.

 

Une autre pratique, le "Taki-gyo" consiste à se placer sous une cascade afin de rafraîchir son corps et son esprit.

 

Les bouddhistes l'utilisent aussi ; elle est dangereuse (risque d 'accidents neurologiques).

Les souillures les plus importantes sont causées par les cadavres.

La purification est indispensable après un enterrement.

Les autres agents purificateurs sont le feu, l'argile et le sel, largement employés avant les combats de Sumo.

Au bureau du temple, on achète : des plaques votives en bois "ema", des amulettes en tissu "omamori", ou des rubans de papier disposés sur des fils "omikuji" qui prédisent l'avenir.

Deux animaux effrayants "komainus" gardent l 'entrée des bâtiments principaux.

Ils sont parfois remplacés par des renards ou des sangliers.

Devant ces bâtiments, on fait sonner une cloche afin de prévenir le kami .

Après avoir fait une offrande, on s'incline, on frappe dans les mains avant d'émettre un vœu.

Sur la corde sacrée qui cintre l'entrée des bâtiments sont attachées des feuilles de papier "shides" découpées en zigzag. Elles servent à faire fuir les mauvais esprits désorientés. Réunies en faisceau, ces feuilles sont utilisées par les prêtres "onusa" ou "haraegushi".

 

L'histoire de la création du monde, des kamis et des premiers empereurs légendaires est racontée dans deux livres --> le Kojiki (en japonais) et le Nihon shoki (en chinois), tous deux écrits par des moines bouddhistes qui voulaient impressionner la Chine et légitimer la maison impériale.

 

L’homme possède quatre âmes distinctes :

- le "kushimitama" --> l'intuition, un sens spirituel élevé, la sagesse et l'aptitude à l'autocritique caractérisent cette qualité,

- le "sachimitama" --> l'abondance de cette qualité conduit à la richesse émotionnelle et à l'intérêt artistique),

- le "nigimitama" --> en relation avec le système endocrinien et la jeunesse des traits,

- "l'aramitama" --> en relation avec les muscles et et les os.

Tout excès ou défaut de ces qualités conduisent à des maladies.

 

Après la mort, l'aramitama et le nigimitama restent sur terre et finissent par disparaître. Les deux autres âmes rejoignent l 'autre monde d 'autant plus rapidement qu'ils sont dénués de souillures (intérêt des rites de purification).

Durant la période qui suit la mort, l'esprit reste proche ; des médiums peuvent entrer
en contact avec lui. La notion de hiérarchie spirituelle se retrouve dans le mysticisme occidental moderne. Les funérailles sont assurées par les bouddhistes.

 

Pour bien entrer en contact avec les kamis, il existe une méthode associant des actes de purification "misogi", des chants, des mouvements de respiration, des prières --> le "chinkon".

 

Le shintoïsme est à l 'origine de nombreuses fêtes.

La plus importante est le nouvel an, célébré également par les bouddhistes.

On profite de l'événement pour rencontrer ses collègues, aplanir les litiges et on visite les sanctuaires et les temples.

La fête du passage à l'âge de la majorité (20 ans) "Seijin shiki" a lieu à la fin du mois de janvier.  La semaine suivante est célébrée une fête du tir à l 'arc "Momote shiki".

En début de cérémonie est tirée une flèche avec un embout orange qui siffle "kaburaya". Le bruit sert à éloigner les mauvais esprits.

Le "Yabusame" est une technique de tir à l'arc à cheval qui associe des valeurs zen et shinto.

Le 5 mai correspond à la fête des enfants.
Anciennement fête de l'iris, c'est un jour férié et elle a perdu son caractère shinto.

On décore les espaces avec des cerfs-volants en forme de carpes, symboles de vigueur.

Le passage des 3, 5 et 7 ans garde, lui, son caractère religieux.

Cette fête se déroule le 15 novembre "shichi go san".

 

C'est en été qu'ont lieu les plus grands "matsuri" avec les défilés de char.

Dans les villes ces fêtes étaient destinées à éviter les épidémies, à la campagne on priait pour que récoltes soient bonnes et qu'elles ne soient pas ravagées par les insectes.

Deux fêtes attisent la curiosité touristique, la fête des hommes nus et la fête des pénis (symboles de fertilité).

La plupart des japonais se marient selon le rite shinto, mais le mariage à l'occidental avec la robe de mariée caractéristique gagne du terrain.
Dans le passé, le shintoïsme a connu des heures sombres, en particulier au moment où le Japon, sous la contrainte de l'escadre du commodore Perry, s'est ouvert au reste du monde.

A tort ou à raison le pouvoir militaire a cru que le Japon risquait d’être colonisé.

Afin d'éviter cette menace, il a préconisé un développement technico-industriel qui allait être très rapide, et il a envisagé d'élargir les frontières de l 'empire. Il s'est alors servi du shintoïsme en déifiant encore davantage l'empereur, aux dépens du culte des kamis.

Les moines bouddhistes qui travaillaient dans les sanctuaires shinto ont été chassés et un shintoïsme d’état a été instauré. Il sera démantelé à la fin de la deuxième guerre par le Général américain Mac Arthur.

Une nouvelle constitution sera rédigée, séparant les religions de l'état.

 

Grâce au respect de la nature, le shintoïsme a retrouvé du sens au moment de la
catastrophe de Fukushima. Mais il attache aussi beaucoup d 'importance à l 'acquisition des biens, allant ainsi dans le sens de la société de consommation avide d'énergie. Ses aspirations esthétiques et morales s'accordent bien avec le bouddhisme zen.

Le monde shinto est parfaitement illustré par les films de Miyasaki.


LE BOUDDHISME :


Le bouddhisme a été importé de Chine via la Corée à partir du sixième siècle.

Son introduction a été favorisée par la classe dirigeante qui avait pris conscience du retard pris dans l'écriture, l'art et le travail des métaux (statues en bronze).

Cette classe dirigeante ne redoutait pas une invasion car le Japon était protégé par les vents violents de la mer orientale.

Le bouddhisme allait devenir un élément centralisateur du pouvoir impérial.

 

Les premières sectes se référaient à l'école "Mahayma".

Deux sectes marqueront l'époque Heian --> le "Tendai' et le "Shingon".

Le bouddhisme préconise l'absence de désir et la compassion.

La secte shingon fut créée par le moine Kukai qui s'était retiré sur le mont Koya. Il est possible de séjourner pendant quelques jours dans un des nombreux monastères de la région.

Les disciples de Kukai pensent que tous les êtres vivants, végétaux compris, possèdent un corps un esprit et la parole.

 

Le mouvement "shugendo" est très curieux.

Il correspond aux gens qui dorment dans la montagne, des ascètes qui défient le vide et qui marchent sur le feu.
A l' époque de Kamakura (1185 - 1338), deux nouveaux moines vont se rendre en Chine pour introduire le bouddhisme zen.

"Dogen" fonde la secte "Soto", axée sur la méditation en position assise, le zazen,

et "Myon Essai" fonde la secte "Rinzai" qui accorde une large place aux "koans", sortes
d’énigmes où l'attitude de l'interrogé compte plus que la réponse elle même.

Essai milite aussi pour la consommation du thé mais la cérémonie du thé ne sera formalisée qu'au seizième siècle par "Rykiu".
L’abnégation, l'ascèse, l'action fulgurante sans pensée résiduelle, la concentration, plaisent à la classe des samouraïs.
Le treizième siècle voit également apparaître l'école de la terre pure "l'amidisme" qui aujourd’hui est un courant majoritaire devant le zen trop exigeant.

 

Citons également le bouddhisme "Nichiren".
Les temples comportent une porte d’entrée massive en bois, un bâtiment principal au toit
impressionnant, des avant toits qui confèrent à l'intérieur une pénombre mystérieuse, des statues en bronze, un cloître , des espaces pour se restaurer étudier et dormir, une pagode (elle n 'existe pas dans les temples zen).

En général, la pagode est en bois, avec un axe central et un nombre d'étages impair.

Les pagodes en pierre sont beaucoup plus petites.

 

Intéressons nous maintenant plus particulièrement au bouddhisme zen qui a essaimé en Europe et en Amérique.

Le monastère est dirigé par un abbé. Il accorde une large place à la méditation.

Entre deux séances, le moine peut se décontracter en marchant. Cette marche est appelée "kin hin". En dehors de la méditation, le moine travaille la calligraphie, le jardinage, la cuisine, la vaisselle, le nettoyage du sol ou du jardin de contemplation.

Ces taches subalternes ont beaucoup de valeur.

Gary Torp a écrit un ouvrage qui conseille de pratiquer ces activités pour se rapprocher du zen (le zen des petits rien).

 

La cuisine est strictement végétarienne. Le repas se compose d'une soupe, de riz, de légumes et de végétaux vinaigrés. Certains légumes ne sont jamais consommés comme les poireaux ou les oignons car leur consommation entraîne la destruction définitive de la plante.

Le caractère précieux de la nourriture est déjà présent dans le shintoïsme. La nourriture ne doit pas être gaspillée, les aliments doivent être honorés.


L'organisation du monastère n'a pas beaucoup changé avec le temps.

La vie d'un novice est particulièrement éprouvante. Elle est relatée avec humour dans

l'ouvrage de Giei Soto --> Le journal d'un apprenti moine zen (ed. Picquier).

La pratique de la mendicité est conseillée. La tenue du moine
mendiant est particulière : il porte un grand chapeau en bambou. Dans le passé le moine mendiant avait la tête recouverte d'une sorte de panier d’osier qui l'isolait du monde, le "komuso".

 

Le bouddhisme a profondément influencé le Japon dans le domaine :

- de la calligraphie (shodo),

- de la peinture à l'encre de Chine (Sumi e),

- du tir à l'arc (le livre d'Herrigel --> Le zen dans l'art chevaleresque du tir à l'arc) dissèque toute la procédure de l'envoi d'une flèche avec un arc japonais. C'est un livre fondamental pour ceux qui veulent approcher le zen.

- des jardins secs (le moine Shinmyo Masuno construit encore aujourd'hui des jardins

dans les hôtels de luxe et les lieux publics),

- de la poésie des haïkus (nous évoquons Ryokan (1758 1830) qui fut moine errant et Kawabata),

- de la cérémonie du thé (le livre d'Okakura Kakuso). Le livre du thé est indispensable pour ceux qui veulent comprendre l'esthétique du Japon,

- de l'art floral .

 

Ce sont les bouddhistes qui organisent les funérailles.

Le métier d'agent des pompes funèbres fait peur. Pour illustrer ce point, on peut se référer au film de Yojiro Takita "Departures" qui fut récompensé aux oscars. Les funérailles permettent aux amis de se retrouver et de parler du défunt. C'est alors parfois l'occasion d'entendre des révélations qui stupéfient la famille.

90 % des personnes se font incinérer.

 

Le Japon est le pays où les frais des funérailles sont les plus élevés (30 000 euros).

La fête d'Obon, qui a lieu en Août, permet aux morts de revenir voir leurs proches pendant trois jours. Le troisième jour, des guirlandes et des bateaux réalisés en papier sont déposés dans les rivières, permettent aux visiteurs de retrouver le chemin du retour.

 

Le bouddhisme zen est aujourd’hui bien connu en Occident grâce à l'enseignement prodigué par Taisen Deshimeru et par Daisetz Teitaro Suzuki, relayés aux USA par Alan Watts .

Le zen a donc aussi influencé les arts occidentaux: la peinture avec Marc Tobey et les membres de l'action painting, les musiciens comme John Cage, les musiciens pop comme Léonard Cohen qui fut moine pendant plusieurs années, les danseurs comme Maurice Béjart, les moines chrétiens comme Thomas Merton, ou certains philosophes.

 

Le pèlerinage le plus connu se déroule sur l'ile de Shikoku.

Il est long de 1 200km, 88 temples peuvent être visités.

C'est un pèlerinage bouddhiste. On l'appelle le Compostelle japonais.

5 % des henros le font totalement à pied.

 

Un autre pèlerinage, cette fois shinto, se déroule dans le sud de la péninsule de Kii, le Kumano Sanzan, reconnu par l'UNESCO. Il passe par les chutes de Nachi.

Mais ceux qui partiront sur les sentiers ne seront pas surpris de retrouver des éléments shinto dans les temples et des éléments bouddhistes dans les sanctuaires.

 

PRINCIPAUX DOCUMENTS :

  • Motohisa Yamakage, "Shinto ,sagesse et pratique" (ed Sully),
  • Jean Hubert, "Aux sources du Japon - le shinto" (ed Albin Michel),
  • Jacques Brousse, "L' univers du zen" (ed Albin Michel),
  • trois documents vidéo et internet :

--> le shintoïsme pour les nuls (pas nul du tout et très poétique),

--> des religions et des hommes (le shintoïsme avec Jean Delumeau),

--> philologie de la civilisation japonaise (de Jean Noël Robert - Discours inaugural au collège de France).

 

 

* * * * *

 

 

 

  •  Conférence du samedi 19 novembre 2016 - 10H00 au Centre Pierre BAYLE à la Médiathèque de  Besançon.

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"L'EROTISME AU JAPON"

 

par Germain AGNANI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les estampes apportent un témoignage décisif sur l'imaginaire et les pratiques érotiques de la période Edo.

 

Celle ci débute au dix septième siècle à la suite de la victoire définitive du clan Tokugawa sur tous les autres.  Le shogun, maitre du pays, va s’efforcer durablement d'installer la paix. Le pays ferme ses frontières, les routes ne sont plus entretenues afin d’éviter les mouvements de troupe rapides, les seigneurs et les samouraïs sont tenus de séjourner dans la capitale une année sur deux, ce qui permet de les contrôler.

 

Comme l’a montré Pascal Guignard, les périodes de paix favorisent l’éveil artistique et érotique. On va créer à l’intérieur de la capitale un vaste quartier de prostitution, nommé Yoshiwara, qui restera actif jusqu'au début du vingtième siècle. Le quartier est non seulement fréquenté par les nobles mais également par les marchands et les quelques étrangers.

 

On y trouve des théâtres et des restaurants. On peut y venir en famille. Les prostituées de basse extraction sont exposées derrière des claies en bois. On les appelle mousquets ou revolvers car elles transmettent des maladies sexuelles. Les plus malchanceuses qui ont perdu leur nez à cause de la syphilis sont dénommées éperviers en raison de leur voix stridente. Elles officient sur des barques. Les plus célèbres (les oiran) sont capables de défaire les fortunes. Sur le plan artistique l'époque correspond à l'uki-yoe : image du monde éphémère et hédoniste.

 

Les scènes érotiques (shunga) sont un des thèmes favoris. Elles remportent un énorme succès bien qu'officiellement censurées. Elles mettent en général en lumière un couple qui garde ses ha­bits en l’occurrence un kimono. Mais les organes sexuels vulve, pénis et testicules sont parfaite­ment exposés et sur-dimensionnés. L' estampe érotique japonaise diffère de l'estampe chinoise où les protagonistes sont nus et les organes génitaux de taille normale. Les extrémités sont crispées. Une grande quantité de cyprine s'écoule de la vulve. Les ébats sont pratiqués dans une pièce qui donne généralement sur l’extérieur, une rue très animée ou un jardin rythmé par les saisons. Ils peuvent également se tenir dehors, à la campagne ou près du bain. Le couple se trouve très sou­vent épié, par une servante, un paysan ou le mari qui va se joindre aux ébats en s’intéressant à l'amant.

 

Le voyeurisme apporte une touche érotique supplémentaire. En l'absence du conjoint il est fré­quent d'utiliser des olisbos. Les mouchoirs apparaissent souvent. Ils servent à étouffer les cris de jouissance ou à éponger les organes. Leur dispersion dans la pièce signe l’intensité et la durée de l’échange. Parfois les estampes contiennent, en marge, des textes. Il s'agit de dialogues crus, to­talement dissociés de l’image. Les partenaires espèrent faire durer le plaisir le plus longtemps possible pourquoi pas toute une vie ?

 

Toute pensée repentissante est absente. Le péché de la chair n'existe pas. Quarante huit positions sont décrites dans l'équivalent japonais du kamasutra.

Avec Kitagawa Utamaro (1754-1806), peintre des maisons vertes, l'art érotique atteint des sommets. Son chef d’œuvre est un patchwork abstrait, constitué par les kimonos au sein desquels se détachent  un éventail tenu par l'amoureux -qui pourrait bien être le peintre lui même- et une petite partie de la cuisse dénudée de l'amante.  Sur l’éventail est inscrit un poème : soir d'automne, la bécasse, le bec pris dans une palourde ne peut s’envoler.

 

Mais c'est l’entrelacement des corps qui, au vingtième siècle, inspirera le peintre Picasso. Dans de rares cas, l'homme est remplacé par une créature aquatique et visqueuse comme la pieuvre d'Hokusai (1760 1849). La pénétration est profonde et suffocante, emmenant la femme aux fron­tières de la vie et de l’extase. L’écrivain Patrick Grainville s'est inspiré de cette estampe dans le roman éponyme : le baiser de la pieuvre. Plus macabre, la bête peut être remplacée par un vieil­lard lubrique, par un squelette ou par un spectre. La vie des principaux peintres est décrite par Gian Carlo Calza dans : poèmes de l'oreiller et autres récits.

 

Le musée Guimet a consacré une exposition à l'image de la femme japonaise en 2016. Le recueil de référence s'intitule : miroir du désir.  Les courtisanes sont reconnaissables par le port de grandes socques, de nombreuses épingles dans les cheveux, par leur obi noué sur le devant. Elles ne doivent pas être confondues avec les geishas qui sont apparues avec la cérémonie du thé au dix-huitième siècle. Soucieuse de préserver la santé mentale et physique des samouraïs, l’élite a favorisé leur implantation. Les geishas n'ont pas de rapports sexuels avec leur client. Ce sont des artistes qui excellent en musique, danse, poésie et conversation. Elles portent des kimonos de soie. Leur visage est poudré, leurs lèvres sont peintes en rouge vif. Elles utilisent des perruques. Elles sont assistées par de jeunes élèves les Maikos dont la virginité, dans les temps anciens, était négociée à prix d’or. Les geishas sont de moins en moins nombreuses, on peut encore avoir la chance d' en croiser dans le quartier Gion de Kyoto.                         

 

La nudité était par contre couramment admise jusqu'en 1880. Les premiers voyageurs occiden­taux rapportent que les dockers travaillaient nus et qu'il n'était pas rare le soir de pouvoir observer les femmes faire leur toilette dans leur jardin. Le bain est très apprécié au Japon. Jusqu'en 1880 les Onsens étaient mixtes . La nudité, certes partielle, des femmes pouvait être observée jusqu'aux années 60 chez les plongeuses en apnée appelées amas qui perpétuaient la pêche aux coquillages. Elles  furent photographiées par Iwase Yoshiyki et par Maraini Fosco. 

 

A partir de1900 on assiste au Japon à une militarisation qui laissera  peu de place à l’hédonisme. En 1930 se produit un fait divers qui inspirera le réalisateur du film l'empire des sens. Un couple illégitime essaye d' atteindre l'extase par une strangulation librement consentie qui conduit à la mort. Dans la rue retentissent les bruits de botte. Les phantasmes de l'époque Edo ne différent pas radicalement des phantasmes des Français d’aujourd’hui (faire l'amour dans des lieux incongrus où l'on risque d’être surpris ou dans la nature ).   

 

La défaite de 1945, avec la reddition sans condition de l'Empereur et les explosions atomiques, a profondément affecté l'inconscient des Japonais. Certes, le pays s'est relevé très rapidement pour atteindre la deuxième place économique au niveau mondial. Les occidentaux ne retiennent que certains aspects curieux du comportement comme les hôtels capsules ou les love hôtels. Ces der­niers sont fréquentés par des jeunes gens qui vivent dans l'appartement étriqué de leur parents. Ils se caractérisent par une décoration onirique ; décorum moyenâgeux, sado-masochiste ou exo­tique, tropical. Les tarifs sont très abordables, rêves à petit prix.

Les soap lands, hôtels où se pra­tiquent entre autres des massages bien codifiés, se sont développés après 1957 lorsque la prosti­tution devint interdite sur la voie publique. Ils disparaissent aujourd'hui, internet permettant les rendez vous à domicile. Les jeunes gens aiment s'affubler de tenues extravagantes inspirées des mangas. Les filles se déguisent en lolitas ou en touristes hawaïennes mais la tenue la plus caracté­ristique est celle des écolières avec de grandes chaussettes, une jupe plissée très courte, un chemi­sier blanc. Frédéric Boilet souligne le fait qu'il faille développer tout un art pour ne pas montrer sa petite culotte. La démarche, maladroite et timide, ressemble à celle des femmes qui ne quittent pas leur domicile (kawais). Les plus belles tenues sont visibles dans le quartier Harajuku.                                        

 

Mais la caractéristique essentielle de l'érotisme contemporain réside dans le concept de HASUKACHI. On peut traduire ce mot par honte, honte provoquée par l’humiliation. L' exemple le plus connu correspond au bondage kinkakubi ; technique masochiste qui entraine cependant un état de dépendance totale susceptible d'entrainer la jouissance. Cette technique servait à l’origine à immobiliser l' adversaire et était utilisée par les militaires. Savoir faire des nœuds était très im­portant. Dans le bondage érotique on utilise des cordelettes de huit douze millimètres. Elles sont faites en jute, en chanvre ou en soie. Le bondage de base, ushiro kakatekote, consiste à coller les bras contre le torse et à ligoter les mains en arrière. Une spécificité japonaise : l'esthétique. La suspension est verticale ou horizontale en général asymétrique. Les nœuds sont rares et les points de contact doivent exciter des zones névralgiques ou des zones sexuelles, seins et vulve.

 

Le photographe Araki est très connu pour ses clichés noir et blanc de bondage. L'univers qu'il décrit est triste et oppressant. Il n'hésite pas ainsi à incorporer dans des photos d'ikebana des tranches de saumon cru. Cet aspect détourné de la nourriture rappelle les aliments disposés sur le corps dénudé d'une jeune femme lors d’un repas pris entre hommes (nyotaimori). Les pratiques humiliantes infligées en général aux femmes sont décrites dans les ouvrages d'Agnès Giard. Dans les films de Daikichi A nema les actrices sont enserrées par des pieuvres ou des vers qui finissent par les pénétrer. Asaji Muroi se complait à dessiner des femmes réduites à l’état de chiennes. Aisuchi Sakai met en scène des monstres ou des dieux qui violent de jeunes vierges. Cet érotisme grotesque est appelé Eruguro. Sei Seto n' a pas hésité à mettre en scène sa femme enceinte nue, pendue par les pieds.

 

Certains photographes ou dessinateurs s’intéressent aux polytraumatisées recouvertes de panse­ments ou de plâtres. Il est fréquent de décrire des femmes borgnes. Certaines ont perdu un ou deux membres. Le français Roland Slocombe a photographié ces amputées. Mais déjà au dix neuvième siècle Tsubioka Yoshikoshi abandonnait le succès pour des sujets scabreux. Des vieil­lardes éventraient des femmes enceintes pour dévorer leur fœtus. C’était au temps où le Japon s'inclinait devant le commodore Perry.  

 

Le caractère agressif de la sexualité reste cantonné dans l'imaginaire mais il ne fait qu’aggraver le fossé qui sépare à présent les deux sexes. Au cours des trente glorieuses, le destin de la femme reste cantonné à l'éducation des enfants. Nul n'est besoin que l'épouse s'engage dans de longues études. Dès qu'elle conçoit, elle subit les pressions psychologiques de la belle famille et du corps médical, pédiatres et gynécologues. Elle est totalement responsable de la bonne évolution de la grossesse. L'avortement qui correspond à l'unique méthode de régulation des naissances (situation voulue par les gynécologues) est la source d'une grande culpabilité. Les avortons sont enterrés dans les cimetières bouddhistes. La femme assurera seule l'éducation des enfants. Le mari ne peut s’intéresser qu'à son travail. Il rentre tard le soir et ses vacances sont très courtes. Plus tard il se sentira obligé d’accepter des promotions qui le tiendront éloigné de son domicile. A l’âge de la retraite il rentrera au bercail mais il sera devenu encombrant. Tout cela conduit à une grève des ventres (notion développée par Muriel Jolivet) et secondairement à une augmentation des pra­tiques sexuelles solitaires.

 

Les pratiques solitaires font appel aux poupées en silicone toujours plus vraies que nature, aux "sex toys" et aux "onanism cups". L'industrie du sexe devient la deuxième activité exportatrice der­rière l’automobile. On va voir s’installer de nouvelles activités comme les neko bars ou les salons où l'on se fait nettoyer les oreilles, la tête posée sur les genoux de l’opératrice.  La proportion d'hommes et de femmes d'âge compris entre vingt et trente cinq ans sans activité hétéro sexuelle atteint quarante pour cent. Tout ceci implique une chute démographique sans précédent. On éva­lue à quarante millions la population du Japon en 2100, si rien ne change.

 

 

 

 

 

      BIBLIOGRAPHIE

 

      - Gian Carlo Calza,  Poème de l'oreiller et autres récits,  Phaidon.

 

      - Miroir du désir, Mnaag.m.

 

      - Patrick Grainville, Le baiser de la pieuvre, Seuil.

 

      - Araki,Taschen

 

      - Agnès Giard, L'imaginaire érotique au Japon, Albin Michel.

 

      - Agnes Giard, Dictionnaire de l'amour et du plaisir, Drugstore.

 

       -Frédéric Boilet, L' apprenti japonais, les Impressions Nouvelles.

 

      - Roland Slocombe, Japon l'empire érotique, la Sirène.

 

      - Muriel Jolivet, Un pays en mal d'enfants, la Découverte.

 

      - Muriel Jolivet, Homo japonicus, Philippe Picquier.

 

 

 

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